Comment vous prenez vous pour le déroulement de la campagne de commercialisation du soja qui se pointe à l’horizon ?
Saviez-vous que le déroulement de cette campagne de commercialisation du soja sera différent de toutes celles que vous aviez déjà connu ?
Eh bien, je vous pose ces questions, parce que je trouve important qu’on en parle. Hier, un ami à la recherche du soja m’a appelé pour me demander du soja. Je lui ai tout de suite posé la question de savoir s’il est au courant des reformes en cours sur la filière, il m’a répondu non.
Je lui ai alors expliqué ce qui se faisait sur cette filière, ainsi que sur la filière anacarde, afin qu’il sache qu’un nouveau paradigme se pointe à l’horizon.
J’ai alors décidé de vous en parler aussi, afin que, ceux d’entre vous qui ne sont pas encore au courant des reformes, puisse aussi être informé ; pour éviter des surprises désagréables.
Au Bénin, la production du soja ne cesse de croitre d’année en année. Elle est passée de 421 886 tonnes en 2022 à 520 929 tonnes en 2023 d’après le Ministère de l’Agriculture ; détrônant ainsi l’anacarde qui a longtemps été la deuxième culture d’exportation du pays, derrière le coton.
Une grande partie de cette production est exportée à l’état brute, vers d’autres pays transformateurs, exactement comme le cajou. Cependant, cette situation ne correspond pas à la politique d’industrialisation actuelle du Gouvernement du Bénin, qui a décidé que la totalité des produits agricoles de rente soit transformée au niveau national, ne serait-ce que la transformation primaire.
Ainsi, des reformes sont entreprises dans ce sens : d’abord l’interdiction de l’exportation du soja, ainsi que les noix de cajou depuis avril 2024 ; puis l’organisation et la structuration des acteurs agricoles de ces deux filières.
Parlant d’organisation, il s’agit plus concrètement de la mise en place d’interprofession réunissant que les producteurs et les transformateurs qui sont d’après les autorités, les porteurs de risques prépondérants dans les filières. Ce schéma d’organisation garantirait les liens d’affaires, ainsi que l’accès aux facteurs de production, au financement adéquat, aux divers services agricoles et à l’accès à un marché rémunérateur d’après le Président de la Chambre Nationale d’Agriculture.
En absence d’intermédiaire entre producteur et transformateur, l’on est sûr que le producteur aura le juste prix de son produit et que le transformateur aura la matière première en permanence.
Les avantages de cette reforme
A première vue, les transformateurs seront ceux à qui cette réforme profite, car, ils ne feront plus face à la rude concurrence avec les acheteurs étrangers, qui sont plus offrants. Désormais, ils auront la matière première tout le temps, à portée de mains, sans être inquiété par les concurrents indo pakistanais et autres. Ensuite, on trouve les producteurs, qui pourront directement vendre aux usines, sans aucun intermédiaire, leurs permettant ainsi d’avoir le juste prix de leur produit. Et qui dit transformation, dit ouvriers et employés à plein temps. Oui, si les usines ont de la matière première en permanence, c’est aussi les ouvriers de ces usines qui auront du travail toute l’année durant pour ainsi dire des emplois pour des jeunes et femmes.
N’oublions surtout pas, les éleveurs, qui auront eux aussi, le soja à moindre coût pour la formulation des provendes ; car, souvenez-vous, ces derniers se sont plaint entre temps, avec la flambée des prix du soja ; ce qui s’était d’ailleurs ressenti sur le prix de l’œuf de table dans certaines zones du pays.
Quand on dit matière première à moindre coût et en même temps, on dit que les producteurs vendront à un prix rémunérateur, cela semble être contradictoire. Mais, non ! en effet, en organisant les producteurs en coopérative, la volonté de l’Etat, c’est de mettre les producteurs en relation direct avec les transformateurs, leurs permettant ainsi de se passer des longues chaines d’intermédiaire qui se sucre sur leurs dos, sans grand effort. Ainsi, la marge que ces derniers se faisait, tombera directement dans les mains des producteurs.
Alors, quid du sort réservé aux acheteurs ?
En bien, ils semblent être des victimes collatérales de cette merveilleuse réforme qui ambitionne de booster l’économie locale.
Cependant, ils peuvent bien se faire une place dans cette réorganisation, en sachant être résilient. Savoir être résilient est le fort de tout entrepreneur, et je sais que les acheteurs sauront le faire dans ce cas-ci, en se fondant dans ce nouveau schéma d’organisation.
Dites-moi, en fonction du maillon sur lequel vous êtes positionné actuellement, ce que vous pensez de cette réforme.
Bonjour! Merci pour l’explication.
Vivement que cette réorganisation ne donne pas la main au transformateur d’étouffer le producteur n’ayant pas de concurrence sur le terrain. Je sais de quoi je parle.
C’est là, que l’Etat jouera son rôle de contrôle, en vue de préserver les intérêts des uns et des autres